Analyses & Etudes
OVH Cloud - Bâtir un environnement numérique responsable
Infonuagique: trois priorités pour bâtir un environnement numérique responsable
Par Estelle Azémard, VP Canada et Amérique latine chez OVHcloud
En 2021, les entreprises canadiennes ont poursuivi à bon rythme leur transformation numérique, faisant une place de plus en plus importante à l’infonuagique. Selon IDC, les dépenses en services infonuagiques ont même augmenté trois fois plus vite que le PIB du pays l’an dernier. Un constat qui pousse les entreprises à adapter leurs pratiques et voit émerger trois tendances qui façonnent déjà le monde numérique de demain : l’interopérabilité, la gouvernance des données et la sobriété numérique.
1. Choisir la diversité
Aujourd’hui, devant la diversité de leurs usages numériques, les entreprises sont de plus en plus tentées par une approche hybride pour bâtir leur infrastructure. Nuage public, privé ou hébergement dédié sur le site de l’entreprise, les configurations sont nombreuses pour renforcer ses ressources. Une tendance endogène qui prend de l’ampleur, le «multinuage» (multicloud) propose de choisir d’utiliser deux fournisseurs ou plus et de répartir les services qui s’adaptent le mieux aux secteurs d’activité de l’entreprise et à leurs exigences spécifiques. La firme d’analystes Gartner note à ce propos que plus de 90 % des entreprises auront adopté une stratégie multinuage d’ici 2025.
Cette liberté de choix, qui rappelle le bon sens populaire de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, permet donc de gagner en flexibilité en bénéficiant des atouts de chaque fournisseur, et de bâtir des environnements plus résilients en cas d’incident. L’autre avantage majeur du multinuage réside dans la capacité d’une part de faire communiquer un service infonuagique avec un autre (interopérabilité), de l’autre de migrer ou récupérer une charge de travail, un projet ou un environnement infonuagique entier (réversibilité).
Cependant, la domination d’une poignée d’acteurs adossant leurs solutions à des technologies propriétaires reste un frein au déploiement d’un environnement multinuage pleinement transparent, interopérable et réversible. Il s’agira donc de privilégier les services infonuagiques qui utilisent des briques technologiques standards (open source), offrant des compatibilités natives entre les systèmes et favorisant les imports et exports de données. En résumé, diversifier son portfolio en résistant aux verrous propriétaires (vendor lock-in) reste un moyen sûr de stimuler l’innovation et voir émerger un avantage concurrentiel déterminant pour les entreprises canadiennes.
2. Repenser la protection des données
Avec l’évolution rapide ces derniers mois des réglementations en matière de protection des données, les acteurs infonuagiques sont amenés à évaluer en permanence leur niveau de conformité réglementaire afin de servir leurs clients en toute transparence, là où ils se trouvent. Pour répondre à cette préoccupation, l’approche «multi-locale» consiste à se rapprocher au plus près de ses clients en déployant un réseau de centres de données dans plusieurs régions du monde, en respectant scrupuleusement les législations locales en vigueur.
Cette adhésion aux règles locales et aux protocoles de sécurité est un gage de transparence pour l’utilisateur, qui n’hésitera pas en retour à rappeler les plus hauts standards auxquels un cadre réglementaire lui donne droit. Au Québec par exemple, la nouvelle Loi 64 — portant sur la modernisation de la protection des renseignements personnels — exige une évaluation des risques en cas de transfert de données transfrontalier. Un sujet crucial encore ambigu pour beaucoup d’organisations, qui surestiment parfois les engagements de leur fournisseur infonuagique en matière de souveraineté des données.
Ce dernier devra bien sûr démontrer qu’il est aligné sur les plus hauts standards de l’industrie en matière de sécurité et qu’il respecte les législations locales du pays où les données sont hébergées. Il devra enfin prouver son étanchéité aux législations extraterritoriales comme le Cloud Act américain, ce qui n’est pas le cas des joueurs infonuagiques américains, de facto soumis à cette législation qui permet la saisie de façon confidentielle de toute donnée stockée sur un serveur américain à l’étranger. Il est donc essentiel d’engager la responsabilité de son fournisseur infonuagique et de choisir celui qui saura garantir à ses clients le niveau de protection qu’ils méritent.
(Photo: Getty Images)
3. Aller vers plus de sobriété numérique
Les centres de données consomment environ un pour cent de l’électricité totale consommée au Canada tous les ans, et cette demande ne cesse de croître. Si les gains en matière d’innovation et d’effet d’échelle ont validé l’efficacité de l’infonuagique pour héberger des services numériques par rapport aux infrastructures locales sur site (on premise), il reste encore beaucoup à faire en matière d’optimisation énergétique. Pour garantir un modèle durable, l’industrie des centres de données doit non seulement viser l’efficacité carbone (CUE, Carbon Unit Efficiency), mais également énergétique (PUE, Power Unit Efficiency) et hydrique (WUE, Water Unit Efficiency).
La disponibilité et la sobriété du réseau énergétique sont des atouts essentiels pour propulser ses activités numériques. C’est une des raisons de l’attractivité du Québec, alimenté à plus de 98 % par l’hydroélectricité, une énergie abondante, verte et renouvelable prisée par l’industrie des centres de données. Les consommateurs sont également de plus en plus conscients de leur empreinte environnementale et exigent un meilleur suivi de leur consommation. Il est désormais important de leur offrir ce suivi en temps réel, directement intégré dans l’interface d’utilisation de leurs outils numériques, qu’il s’agisse de l’envoi d’un courriel ou de la gestion d’un environnement multi-sites complexe.
Les efforts en matière de sobriété numérique doivent être déployés à grande échelle, et échapper à la simple validation de principe. Au cours des prochaines années, nous devrions assister à une nette accélération des innovations en matière d’optimisation énergétique. Technologies de refroidissement, économie circulaire, utilisation des ressources, écoconception industrielle : les champs d’action ne manquent pas, avec en ligne de mire l’objectif ambitieux, mais réalisable d’atteindre la neutralité carbone (Net Zero) d’ici à 2030. Le secteur infonuagique a toutes les cartes en main pour mieux gérer son impact environnemental et évoluer vers un avenir plus durable.
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